Le monde de la bière belge est en ébullition. En l’espace de deux semaines, deux figures emblématiques de la tradition brassicole belge, Tilquin et Chimay, ont annoncé le lancement de leurs bières en canettes sur le marché belge. Et ils ne sont pourtant pas les premiers : la Brasserie Belgo Sapiens qui a récemment fermée ses portes a probablement été précurseure dans notre pays en lançant ses propres marques en canette. Plus récemment, Lupulus mais également Dupont ont passé le cap avec une partie de leur gamme.
Forcément, sur les réseaux, ça réagit. Déception et perte de prestige pour les uns, innovation bienvenue pour les autres… Car dans l’imaginaire collectif, la canette reste encore associée à une bière bon marché, industrielle, parfois médiocre. On l’excuse seulement quand elle est portée par des jeunes brasseries, qui font de ce contenant un outil marketing à part entière.
Certains lui reprochent un goût métallique. D’autres la jugent moins écologique que la bouteille. Bref, la canette divise. Alors, on fait le point ensemble.
Conservation : avantage canette
Les deux grands ennemis de la bière, on le sait, sont la lumière et l’oxygène. Sur ces deux fronts, la canette coche toutes les cases : totalement opaque, elle ne laisse passer aucun rayon lumineux, contrairement au verre. Elle est aussi parfaitement hermétique, là où les capsules des bouteilles peuvent laisser filtrer un peu d’air avec le temps.
Logistique : l’aspect pratique avant tout
Plus légère, plus empilable, plus robuste… la canette est le choix parfait pour les festivals, les dégustations nomades et les livraisons. Elle se refroidit plus vite, l’aluminium étant plus fin, et surtout, elle ne casse pas.
La bouteille, plus fragile et encombrante, demande plus de précautions et est plus chère à transporter. Mais elle reste incontournable pour certains formats (comme le 750 ml) ou pour les bières de garde, que l’on imagine difficilement conditionnées autrement.
Marketing : deux approches, deux styles
La canette, c’est un terrain d’expression XXL : une surface imprimable deux à trois fois plus grande qu’une bouteille, entièrement personnalisable. Un espace de liberté où graphistes et artistes s’en donnent à cœur joie. Un support qui incarne les valeurs d’une marque, visuellement et sans filtre.
La bouteille, elle, joue la carte de l’élégance et de la tradition. Étiquette, parfois contre-étiquette… elle reste le choix privilégié pour les bières haut de gamme, les styles classiques. Moins tape-à-l’œil, mais profondément ancrée dans l’imaginaire collectif.
Tendances : la canette monte en pression
En 2024, la bouteille représentait encore 54,7 % du marché mondial de la bière. Mais la canette grimpe en flèche, avec un taux de croissance annuel estimé à +5,25 % pour les prochaines années.
Ce format séduit en particulier les jeunes brasseries, notamment aux États-Unis, où il est devenu la norme dans de nombreuses microbrasseries. En France aussi, de plus en plus de brasseries font le choix du tout-canette, ou proposent une double gamme.
Alors, qui gagne ?
Eh bien… ça dépend.
Nous avons vu comme ces deux formats ont leurs avantages et leurs limites.
Derrière le choix de la canette, on devine des intentions multiples de la part des brasseurs : gagner en praticité, séduire un public plus jeune, plus mobile, plus explorateur, et quand il s’agit d’un choix en cours de route, c’est souvent une volonté de diversifier l’offre pour répondre à des usages variés. Rien qui mérite de crier au scandale donc 😉