Le tribunal de l’entreprise de Tournai a prononcé la faillite de la Brasserie de Brunehaut, selon les informations du média Vers l’Avenir. Une décision lourde de conséquences pour ce nom emblématique du paysage brassicole wallon. La suite reste incertaine : désignation d’un curateur, éventuels repreneurs… mais la fermeture définitive semble inévitable.
Fondée en 1890 à Guignies par la veuve Allard-Milhomme, la brasserie — alors baptisée Saint Joseph — a traversé les générations. En 1990, Guy Valschaers et Marie-Christine Dujardin, un couple de brasseurs de retour d’Afrique, relancent l’activité à Rongy, dans de nouveaux bâtiments.
C’est en 2006 que Marc-Antoine De Mees, directeur de la société Meura (spécialisée dans le matériel de brassage), entre en scène. Brunehaut connaît alors une crise profonde. Il décide de la reprendre et de la moderniser : production relancée, stratégie d’exportation, recentrage de la gamme. Visionnaire, il mise tôt sur les bières bio et sans gluten, développant une méthode innovante d’extraction du gluten. Une bière sans alcool viendra compléter l’offre.
Mais les vents contraires s’accumulent. Déjà en quête de repreneur avant la pandémie, Marc-Antoine De Mees n’aura pas le temps de concrétiser. Crise sanitaire, inflation, guerre en Ukraine, chute des exportations (80 % de la production), désaffection pour les produits bio… autant de coups durs qui ont fini par avoir raison de la brasserie.
Dans une dernière tentative de résistance, Brunehaut s’était alliée aux brasseries Léopold 7 et Belgo Sapiens, créant la Regenerative Beer Alliance pour mutualiser la production et optimiser la distribution. Le projet, soutenu par le fonds Scale Up, n’a pas survécu à la succession de crises.
Avec la disparition de Brunehaut, c’est un pan du savoir-faire brassicole wallon qui s’efface. Ses bières, bio, sans gluten et sans alcool, avaient su se tailler une place à part dans un marché en pleine mutation. Elles manqueront au paysage.
