Trois jeunes entrepreneurs ont fait le pari de donner à différents quartiers de Bruxelles une bière qui leur serait propre. La distribution se veut locale et le produit brassé s’accorde avec le nom de l’endroit ou son passé.
C’est dans leur commune de scolarité, Watermael-Boitsfort, que les responsables de Bières de quartier ont lancé leurs deux premières il y a bientôt un an: le carrefour des Trois Tilleuls ainsi que la place Wiener ont chacun leur bière.
Si l’ancrage est bruxellois et qu’un bref historique du quartier étudié est repris sur l’étiquette, le brassage, lui, se fait en dehors de Bruxelles. Pour les quatre premières bières, trois brasseries du Brabant wallon ont été sollicitées: Jandrain-Jandrenouille, Valduc-Thor à Thorembais et le Renard à Pécrot. “Nous recherchons des brasseries artisanales, avec lesquelles nous partageons les mêmes valeurs”, explique Vivi Pham, cofondatrice de Bières de quartier. Jusqu’ici, les brasseries partenaires ne sont pas trop éloignées de Bruxelles, mais le trio est évidemment favorable à une collaboration avec une brasserie de la capitale pour autant que celle-ci accepte de réaliser des bières à façon.
Convaincu que la sous-traitance de leurs bières n’était qu’une étape transitoire de leur projet, le trio est finalement assez satisfait de la méthode actuelle. Ces jeunes brasseries n’ont pas besoin des Bières de quartier pour vivre, mais elles ne crachent pas sur l’un ou l’autre partenariat extérieur qui permet non seulement d’exploiter une partie de leur capacité mais aussi de se faire connaître, selon Vivi Pham. “Nous n’hésitons pas à mettre en avant ces brasseries” qui n’ont peut-être pas beaucoup de temps à consacrer à la communication, souligne-t-elle.
De la publicité gratuite, le patron de Jandrain-Jandrenouille, Alexandre Dumont, n’y croit pas trop. “Ca ne met pas en avant ma brasserie puisque ce ne sont pas mes recettes. C’est leur concept qui est mis en avant, mais pas la brasserie partenaire”, estime-t-il, ajoutant que d’autres événements comme des festivals de bières artisanales constituaient un meilleur outil de promotion pour son entreprise. Chez Valduc-Thor par contre, on semble assez satisfait du partenariat et un des fondateurs, Antoine Limbourg, reconnaît que cette collaboration leur fait « indirectement une petite pub ». Il est vrai que l’implantation de Thorembais, qui a réalisé son premier exercice complet en 2018, n’a pas l’expérience de Jandrain-Jandrenouille lancée en 2007.
LA PETITE HISTOIRE DE BRUXELLES
C’est Bruno Parmentier, bioingénieur de formation, qui met au point les Bières de quartier avant d’en confier la production à plus grande échelle aux brasseries partenaires. Vivi Pham et Greg Malcause se chargent eux de prospecter les différents quartiers de Bruxelles. Ils récoltent les plus belles anecdotes sur le lieu et imaginent une bière qui s’en inspirerait. Tantôt de manière assez décalée comme la Wiener, agrémentée de coriandre et de poivre vert pour renvoyer aux nombreux espaces… verts qui entourent la place du même nom. Tantôt en faisant allusion au passé de l’endroit, comme la Stockel, une Saison brassée avec de l’avoine car au milieu du XXe siècle un hippodrome se trouvait dans ce quartier de Woluwe-Saint-Pierre.
A leurs débuts, les trois entrepreneurs assuraient une distribution très locale de la bière. “Désormais, nous élargissons notre offre dans Bruxelles. Après tout, nos bières peuvent inciter le consommateur à aller découvrir le quartier qui est référencé sur l’étiquette”, espère Vivi.
Trois à quatre nouvelles bières sont prévues en 2019.