La Belgique et la République tchèque ont disputé lundi soir une compétition amicale mettant en lice 5 bières de chaque nation. L’initiative émane du Centre tchèque à Bruxelles qui a sollicité un spécialiste de chaque pays pour piloter cette dégustation. Chacun des deux devait déguster les bières du pays « adverse ». Et cela a été l’occasion de l’une ou l’autre belle découverte…
Cet événement était évidemment organisé en ligne et une centaine de spectateurs ont écouté et suivi les conseils de dégustation et de beer pairing adressés par les deux conférenciers: notre collègue Luc De Raedemaeker depuis la Belgique et Filip Nerad depuis la Tchéquie. Le premier est co-organisateur du Brussels Beer Challenge et auteur de différents livres sur la bière alors que Filip Nerad est analyste radio et auteur du livre « The Beer Kingdom of Belgium ».
Avant le coup d’envoi, le Centre tchèque à Bruxelles avait bien résumé l’affiche intitulée « Les superpuissances de bière ». En effet, petites par la taille, la Belgique et la République tchèque se distinguent par leur renommée internationale sur le plan brassicole.
Luc a été le premier à ouvrir le score en décapsulant l’inusable Pilsner Urquell. Il a pu lui rendre l’hommage qu’elle mérite à celle qu’il estime être l’une des meilleures pils au monde. « Les Belges s’apercevront rapidement que contrairement à nos pils industrielles qui dégagent peu d’arômes, la Pilsner Urquell révèle un beau parfum de malt et plus subtilement quelques senteurs houblonnées. »
La Pilsner Urquell a vu le jour en 1842 à Pilsen (ouest), la ville qui devait ensuite donner son nom à l’un des styles de bière le plus consommé au monde. Bien que passée sous l’égide de différentes multinationales brassicoles ces dernières décennies (SABMiller et aujourd’hui Asahi), la brasserie revendique fièrement l’usage de houblons Saaz, de la région de Zatec à une centaine de kilomètres de Pilsen.
La deuxième tchèque en lice provenait de la brasserie Uneticky, une brasserie historique située en périphérie de Prague dont la production a cessé dans les années ’50 du siècle passé avant d’être relancée en 2011. La Unetické 10° est une blonde-ambrée légère (4% vol. alc.). Luc qui découvrait lui-même quatre bières en direct ce lundi soir, a été quelque peu désarçonné par le nez, très dominé par les levures. La bière reste agréable à boire et onctueuse.
Le zythologue belge a été plus agréablement surpris par la troisième bière, la Jantar (4,6% vol. alc.), de la jeune brasserie Mazák à Dolni Bojanovice (sud-est). Il relève la présence de malt, quelques touches de caramel et surtout un bel équilibre. « C’est une super surprise pour moi. Je devrai aller voir cette brasserie la prochaine fois que je vais en Tchéquie », a-t-il dit.
L’avant-dernière est une bière au style assez connu en Belgique, la Vorkloster Klásterní Jantarovy Lezak (4,2% vol. alc.) produite par l’abbaye de Predklasteri. Ici aussi, la bière est caractérisée par son côté onctueux et laisse une agréable fin de bouche.
FERMENTATION SPONTANÉE
Le meilleur pour la fin, inévitablement, avec les Tears of St Laurent, une bière vieillie en fût de chêne que l’on doit à la brasserie Wild Creatures née en 2011 au milieu des vignes de Moravie du Sud. « Très complexe. Une bière excellente », a commenté Luc De Raedemaeker. « C’est impressionnant de se dire que la République tchèque produit ce genre de bière de fermentation spontanée. »
« L’équipe » alignée par la Belgique était composée de la Saison Dupont, l’Orval, la Westmalle Triple, la Kasteel brune et la Kriek Lindemans en dessert.
Outre la production brassicole en tant que telle, Luc De Raedemaeker a rappelé que la richesse de la Belgique et de la République tchèque résidait dans la convivialité et l’esprit qui émanaient de leurs bars. Selon lui, seuls deux autres pays peuvent prétendre à une combinaison aussi réussie de deux cultures, celle de la bière et celle des cafés: l’Allemagne et les îles britanniques (Grande Bretagne et Irlande).