Faire semblant de boire au bureau ? Chez Bière Grand Cru, ce serait carrément une faute pro ! Plus sérieusement, je me suis récemment posé la question de la consommation d’alcool à l’écran : est-ce que les acteurs trinquent vraiment ou pas ?
Cinéma et alcool, c’est une vieille histoire d’amour-haine. Du cowboy solitaire qui noie son désespoir dans un saloon miteux, au whisky servi pour sceller un contrat juteux, l’alcool a toujours eu une vraie fonction narrative. Comme dans la vraie vie, il occupe l’espace, meuble les mains des acteurs, raconte quelque chose d’un personnage, aide à la compréhension d’une scène. Pourtant, dans la réalité des tournages, rares sont les fois où les acteurs avalent de vraies boissons alcoolisées – et pour cause.
Répéter une scène encore et encore pourrait vite virer au binge drinking involontaire. Pas très compatible avec la concentration nécessaire sur un plateau… En Belgique comme en France, la loi encadre la consommation d’alcool au travail. Aux États-Unis, pas de réglementation spécifique, mais les règlements intérieurs et contrats de production interdisent strictement alcool et drogues, histoire de garantir un environnement de travail sûr et pro. Logique, si l’on pense à la répétition des prises, à la concentration nécessaire et à la prévention des comportements déplacés.
Comment berner le spectateur ?
Alors, quand il faut faire semblant, comment s’y prennent-ils ? Que buvait Bill Murray au bar du Park Hyatt dans Lost in Translation ? Et Don Draper, que versait-il vraiment dans son verre chez Sterling Cooper ?
Les réponses risquent de casser un peu la magie.
Le whisky ? Souvent du thé ambré et tiède. La vodka ou le gin ? De l’eau, tout simplement. Le vin rouge ? Du jus de raisin.
En revanche, pour la bière, les équipes doivent parfois se creuser davantage la tête. Les solutions varient : vraies bières sans alcool, mélanges maison avec colorants, voire thé gazéifié. Chaque production a sa recette. Pour The World’s End (2013), par exemple, Edgar Wright a révélé que les pintes servies aux acteurs contenaient un cocktail de limonade et de cream soda, imitant la lager.
Et quand les personnages boivent directement à la canette, invisible pour le spectateur ? Le plus simple reste… l’eau du robinet ! Pratique pour éviter que les acteurs ne s’enfilent des litres de liquide sucré (ou même de bière désalcoolisée) à chaque prise.
Ces bières qui n’existent pas… ou presque
Parfois, ces bières de cinéma prennent une telle place qu’elles deviennent presque des personnages à part entière. Un exemple culte : Heisler Beer, la fausse bière star des séries TV. Créée par Independent Studio Services, c’est une vraie bière sans alcool, au design passe-partout, pensée pour éviter les problèmes de droits et de placement de produit. Elle fait partie d’une longue liste de faux breuvages maison, aux côtés de Cerveza Clara ou El Brazo.
Dans un registre plus iconique encore : la Duff Beer, boisson fétiche d’Homer Simpson. Née en tant que dessin animé, elle a fait rêver nombre de brasseurs qui ont tenté de la reproduire et de la commercialiser. Problème : une ribambelle de batailles juridiques pour usage illégal de la marque. En 2016, Time est même allé jusqu’à classer la Duff parmi les entreprises fictives les plus influentes de tous les temps. Pas mal, pour une bière qui n’existe pas !
Voilà pour le petit tour d’horizon ! Je suis sûre que vous ne regarderez plus vos séries préférées du même œil.