GRIMBERGEN

L’ENVOL DU PHÉNIX

L’histoire du phénix évoquée dans la campagne radio de Grimbergen n’a pas été inventée de toutes pièces. Car, bien qu’il qu’il n’ait pas de lien avec la liturgie, le phénix est présent partout dans la basilique de Grimbergen. C’est un ancien symbole païen qui, pour les Perses et les Grecs, était symbole de résurrection.

Détruite plusieurs fois à cause de la fierté des Seigneurs de Grimbergen, l’abbaye dut en effet « renaître » à maintes reprises. Au 12e siècle, une longue guerre se déchaîna, opposant le Duc de Brabant et les Seigneurs de Grimbergen refusant de se soumettre à celui-ci. L’abbaye érigée en 1128, fut ainsi détruite une première fois en 1159, ravagée par les flammes.

Mais à chaque fois, elle renaît de ses cendres… Aux environs de 1550, le phénix apparaît pour la première fois. Nous pouvons l’admirer aujourd’hui sur l’écusson de l’abbé Sophie (c’est son nom de famille), qui se trouve dans la sacristie de la basilique de Grimbergen.

LE RETOUR EN FORCE DES PÈRES GRÂCE À LA BIÈRE

L’histoire de l’abbaye et de la bière de Grimbergen sont intimement liées. L’abbé Erik le souligne : « Comme beaucoup d’abbayes, l’abbaye de Grimbergen produisait une bière. Au Moyen-Âge, c’était une nécessité, car à l’époque boire de l’eau potable n’était pas sans risques… Les bières d’abbaye étaient même privilégiées par rapport aux autres bières des brasseries privées, car exemptées des taxes. Elles pouvaient donc se permettre d’utiliser les meilleurs ingrédients. Autre facteur de qualité : nous sommes ici à côté de Asse et Mollem, ces villes ont toujours été reconnues pour leur culture du houblon. »

« La diversité des bières était déjà de mise, suivant les habitudes des pères. Les pères Prémontrés (aussi appelés Norbertins) ne respectaient en effet pas le jeûne de 40 jours des croyants, mais bien un jeûne très long qui allait du 15 septembre jusqu’à Pâques. On ne mangeait pas de viande, mais uniquement du poisson. À Pâques, les pères étaient bien affaiblis par manque de protéines, ils devaient reprendre des forces. Cela ne se fit pas en mangeant de la viande, mais grâce à une bière forte et riche, la « bière de Pâques » aujourd’hui dénommée ‘Optimo Bruno’. »

> L’abbé Erik

LA RÉSURRECTION DE 1958

Nous pouvons observer toute l’influence de l’abbaye de Grimbergen au 16e siècle sur les gravures présentes au centre de la basilique. Les terres et collines cultivables appartenant à l’abbaye étaient énormes. Le projet de construction d’une nouvelle église initié à la fin du 17e siècle amplifia encore les ambitions de l’abbaye de Grimbergen. Cette église ne fut jamais achevée, il en reste aujourd’hui une façade provisoire. L’intérieur fut toutefois inauguré en grandes pompes. En 2010, l’église fut rebaptisée « Basilica Minor ». Un titre honorifique octroyé par le Vatican.

C’est au 18e siècle que les temps furent les plus rudes. En 1793, un tsunami déferla sur la Belgique : la Révolution française. Pendant plusieurs années, il fut interdit aux abbayes de brasser la bière, et il fallut près de 165 ans pour qu’un jour, on déguste à nouveau une bière d’abbaye de Grimbergen. En 1958, le phénix ressuscita, grâce aux petits-fils d’Egied Maes, Michel et  Eduard. Leur proposition de relancer la bière de Grimbergen dans leur brasserie à Waarloos ne resta pas lettre morte.

Ce ne fut pas si simple de recommencer à brasser la bière comme avant, car ils ne disposaient plus de la recette originale. Comment faire dès lors pour brasser la nouvelle Grimbergen ?  L’abbé Erik explique : « Avec l’aide de la brasserie Maes, nous avons fouillé toutes les archives et documents anciens de l’abbaye et nous avons pu retrouver quels ingrédients étaient achetés autrefois. La première bière brassée fut la ‘Double’ en 1958, suivie quelques années plus tard par la ‘Triple’, et très rapidement la « bière de Pâques », ‘l’Optimo Bruno’. »

MODERNITÉ

Grimbergen est frappante de modernité. Une bière d’abbaye qui existe en version printemps, été et hiver ? Cela, c’est vraiment malin. Mais cela est-il conciliable avec le passé et les origines de Grimbergen ?

L’abbé Erik répond sans hésiter : « L’origine de la bière d’abbaye est simple : le nom doit clairement renvoyer à une vraie abbaye, et celle-ci doit d’ailleurs donner son accord pour la production. Nous savons aussi que les consommateurs de bières d’abbaye sont ouverts aux nouveautés et recherchent continuellement des produits toujours plus surprenants. Nous pensons répondre à leur demande grâce à nos bières de saison. »

Dernière question : est-il vrai que l’ancienne règle qui disait qu’un père doit boire un litre de bière par jour, est-elle encore à l’ordre du jour ? « Non, » sourit l’abbé Erik, « nous ne buvons jamais de bière à midi, car cela est un peu lourd. Mais peut-être y a-t-il encore une place dans notre gamme pour une Grimbergen plus légère ? »

> Pierre De Raedemaeker

LA BRASSERIE FENIKSHOF

La terrasse couverte de la Brasserie Fenikshof offre une vue imprenable sur les jardins royaux de l’abbaye. Ce n’est pas par hasard que cette brasserie a été nominée pour les Awards de l’Horeca.

Plus d’informations sur www.hetfenikshof.be – T. 02 306 39 56

www.grimbergenbier.be

Photos: Bart Van der Perre

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