Erik De Keersmaeker rêve d’entrer dans le cercle des producteurs de vieille gueuze. Problème: cette bière demande au moins trois ans avant d’être aboutie. A ce détail technique s’ajoute un autre de taille. Il ne dispose pas encore de sa propre brasserie. Il ne désespère toutefois pas de commercialiser prochainement une vieille gueuze sous l’appellation Eylenbosch, du nom de cette brasserie de Schepdaal (Brabant flamand) qui a connu son heure de gloire au début du 20e siècle.
La famille De Keersmaeker a un long passé brassicole et est célèbre pour avoir dirigé la brasserie Mort Subite à Kobbegem. C’est d’ailleurs Mort Subite qui reprit en 1989 la brasserie Eylenbosch. Quand la famille De Keersmaeker a entièrement revendu la marque Mort Subite à Alken-Maes en 2000, elle a pu conserver les bâtiments et la marque d’Eylenbosch. De ce qu’il reste des bâtiments, Erik De Keersmaeker a choisi d’en faire un vaste projet immobilier qui prévoit des logements et des espaces commerciaux. Pas de brasserie donc. « A terme, nous espérons pouvoir y installer un endroit de dégustation, mais les lieux ne convenaient pas à l’implantation d’une brasserie moderne”, selon lui.
Car aujourd’hui, Erik a envie de redonner vie à cette gueuze. “Nous croyons que, dans ce marché de niche que sont le lambic et la gueuze, il y a encore de la place. Nous ambitionnons de brasser à terme quelque 3.500 hectolitres de vieille gueuze et de vieille kriek.” Parmi les acteurs déjà bien ancrés dans le monde du lambic, les responsables d’Eylenbosch aimeraient se situer commercialement entre un Boon assez démocratique et un 3 Fonteinen qui tend plutôt vers le haut de gamme.
DE TROCH ET DE RANKE SOLLICITÉS
L’activité de brassage a déjà commencé à Wambeek dans les installations de De Troch. Klaas Vanderpoorten, 24 ans, s’est formé à la brasserie urbaine gantoise Gruut et a également passé six mois aux Etats-Unis à mener des recherches sur les micro-organismes intervenant dans les bières vieillies en fût. Son profil convenait donc bien à la nouvelle aventure Eylenbosch. Les premières vieilles gueuzes devraient être prêtes en juin 2021.
Tout cela va demander un peu de patience. Une « Patience for Eylenbosch » a justement été brassée afin d’hydrater tous ceux qui voudront suivre de près le projet. Klaas Vanderpoorten est allé chez De Ranke pour y confectionner cette saison dont une version ayant connu un houblonnage à cru sera disponible chez… Cru, la filiale premium de Colruyt. « Nous voulons en faire une bière rentable qui nous permette de mener à bien notre projet », reconnaît simplement Erik De Keersmaeker, précisant que cette saison continuera à être produite même quand les gueuzes seront disponibles.
Un financement participatif a aussi été lancé. Les initiateurs ont la volonté de d’abord acquérir un site d’assemblage (geuzestekerij) avant d’investir par la suite dans une installation brassicole.